Intervention de Philippe Berta

Réunion du mardi 5 mars 2024 à 16h30
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaPhilippe Berta :

En qualité de rapporteur de la LPR et du budget de la recherche pour les deux derniers projets de loi de finances, mais aussi en tant que scientifique, je veux vous dire mon désarroi si ce n'est de ma stupéfaction et ma vive inquiétude après l'annonce de la suppression de plus de 900 millions d'euros des crédits alloués à l'enseignement supérieur et recherche. Quelle est la cohérence entre le discours du président de la République du 7 décembre dernier et ces annulations de crédits ? Alors que le président disait faire de la recherche et de la science une priorité du pays, le portefeuille de l'enseignement supérieur et de la recherche est le troisième plus touché par ces coupes budgétaires et, sur les quatre lois de programmation en cours, la LPR est la plus affectée par ces mesures. Même insuffisante, la LPR était un signal fort pour la communauté scientifique qui n'en avait pas reçu depuis plus de vingt-cinq ans. Mais cette amputation ne permet plus de suivre la trajectoire de la LPR, et elle affecte l'enveloppe de l'ANR.

Alors que le besoin de science est plus nécessaire que jamais, cette suppression est dramatique. Investir dans la recherche, c'est investir dans notre économie de la connaissance. Par comparaison avec ce qui vaut à l'étranger, la recherche française est déjà sous-financée. Cette décision est un non-sens. De plus, elle pourrait constituer les prémices de futures restrictions lors d'un prochain collectif budgétaire. Nous savons les difficultés qui touchent notre pays dans le contexte économique et géopolitique actuel mais c'est une erreur stratégique de cibler le budget de l'enseignement supérieur et de la recherche. Je ne vois pas d'avancées mais un vrai recul, et toujours une philosophie dépourvue de culture scientifique, si essentielle en ces temps de complotisme et d'extrémisme. Plus encore, les arguments avancés au sujet de la ponction sur la réserve de précaution et du plan France 2030 ne peuvent justifier une directive aussi radicale. Étant donné notre incapacité à assurer l'attractivité de la recherche, étant donné aussi le niveau de financement de notre recherche depuis des décennies, ne serait-il pas temps de repenser notre modèle, par exemple en santé, en suscitant la création d'une grande fondation telle que le Wellcome Trust britannique ?

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